16 février 2009

Le choc est rude pour les journalistes. Leurs talents se vendent de plus à plus à l’encan sur le marché de la pige. Leurs audiences et leurs lectorats se désagrègent. Leurs emplois sont menacés. L’information serait irrémédiablement gratuite. Le temps ne serait plus que ‘l’instant’, le sujet du ‘chaud brûlant’, la vérité du ‘off off off’ et les forêts de ‘marronniers’ une incontournable nécessité. Comment voulez-vous faire votre boulot correctement dans ce contexte ? Comment voulez-vous aussi voir la ‘chose jolie’ – comme disait Brel – qui fleurit aussi aux côtés des drames, des peurs, des échecs et des désarrois de notre humanité ?

L’internet ouvert et sans coût apparent est devenu source d’informations en continu. Chacun se sent même investi d’annoncer des choses au monde par blog ou communauté virtuelle interposés. La nouvelle circule à la vitesse de l’éclair, brutale, non vérifiée, relayée, amplifiée, déformée, … , souvent fausse ou tronquée. Tout le monde la reçoit, la recherche, la partage, la dévore jusqu’à la nausée, sans pour autant lui donner la moindre valeur.

De valeur économique d’abord, puisque les supports qui relayent l’information sont essentiellement financés par d’autres acteurs que ceux qui la consomment : qu’ils soient annonceurs publicitaires, actionnaires (qui ne cessent de les recapitaliser !) ou contribuables sous des formes diverses. Mais aussi de valeur éducative quand, pour de fallacieuses raisons de performance ou d’utilité, l’information choisie surfe sur les pentes faciles de nos existences angoissées ou de nos sécurités et consensus claniques.

Notre monde a un ardent besoin de la liberté d’investiguer, de penser, de discerner et de révéler que les journalistes nous aident à exercer. Mais cette liberté n’aura d’existence que si eux et nous sommes prêts à y mettre le vrai prix.

 

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