11 février 2009

26 milliards d’euros mobilisés par l’Etat en France ; 2000 milliards d’argent public et privé pour relancer l’économie américaine en 2009 ! Les sommes devraient impressionner le citoyen de la terre lambda, le rassurer peut-être ? Et bien, … non ! Elles gisent là, bien éphémères, dans un coin de notre écran d’ordinateur. A l’image sans doute de cette économie virtuelle dans laquelle tant d’irresponsables, ivres de cupidité et d’orgueil, nous ont invités (et continuent encore de le faire) à nous vautrer.

2 000 milliards de dollars, çà n’occupe pas beaucoup de place en octets dans les fibres à très haut débit qui réunissent les établissements bancaires et financiers entre eux. Alors autant en injecter chaque fois plus pour tenter de faire bouger légèrement les compteurs et d’agir sur ce qui est le vrai nerf de l’économie : la confiance, la pauvre petite confiance des êtres de chair et d’os qui habitent notre si petite planète.

2 000 milliards de dollars pour combler des pertes que la machine nous signale comme ‘abyssales’, alors qu’elles sont tout aussi immatérielles pour le commun des mortels invité surtout à ‘ne pas toucher au grisbi’ … mais éventuellement à en supporter le coût dans la vraie vie.

2 000 milliards ou 26, qu’importe ; l’impression est forte d’assister passivement à un jeu vidéo géant où l’on peut s’acheter des vies supplémentaires, voire échapper au cul-de-sac dans lequel on bute en vain, en ‘rebootant’ la machine ou en se fournissant en ‘cheat codes’. Pied de nez enfantin pour ne surtout pas revenir dans le monde tel qu’il est ; pour ne pas revenir à ces vieilles réalités si pesantes de l’économie réelle ! Mensonge égoïste envers les générations futures qui devront bien, un beau jour, donner des contreparties en valeurs sonnantes et trébuchantes : de la terre, du blé, du riz, de l’or, de l’eau, du pétrole, des matières premières, … des vies peut-être ? Ne perdons pas trop vite la mémoire …

Et qui nous dit aussi que nous pourrons infiniment transformer en produits ou services bien réels les milliards d’euros numériques de nos comptes bancaires, de nos livrets d’épargne ou de nos cotisations retraite ! Un écran ? Un serveur ? Un code d’accès ? Une haute autorité internationale ? L’Etat ? Ah bon ?!

Le réel a la peau dure. C’est la confiance dans l’échange entre au moins deux personnes qui commande la création de richesse. C’est la satisfaction des besoins de nos semblables qui donne sens et beauté au travail. C’est la culture raisonnée des sols qui permet d’en nourrir chaque jour davantage. C’est la transformation de la matière par l’effort, la collaboration et le génie industriel qui parachève ce que la nature nous permet déjà de réaliser. En bref, du tangible, du vivant, du quotidien et surtout du fragile qui renvoient à leurs responsabilités tous ceux qui continuent de raisonner et d’agir en pensant que l’argent est devenu à jamais une ‘matière première’ pixellisable, bidouillable et injectable à l’envi.

 

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