11/06/2020

Ras-le-bol de toutes ces prévisions apocalyptiques déversées en flux continu par tous nos médias ! Il est grand temps d’arrêter de tendre micros et caméras vers les ‘experts’ et autres analystes patentés et de regarder le monde avec d’autres yeux. Aujourd’hui, nous macérons collectivement en pleine
prophétie auto-réalisatrice. Seul le pire est attendu. Et nos comportements et réflexions reflètent cruellement le désarroi et la soumission dans lesquels cette fascination égarée nous entraîne.

Oui, des pans entiers du système qu’a submergé le tsunami COVID-19 vont devoir être remis en question, mais ils étaient déjà fragiles et menacés pour d’autres raisons avant même que la pandémie n’explose. Oui, les réponses apportées par les politiques et les institutions semblent désuètes, conventionnelles ou impuissantes, mais qui peut, sans frémir, ni se tromper, gérer une telle complexité d’enjeux et de situations.  Oui, nos vies sociales, familiales ou personnelles ont été bouleversées par le grand confinement mondial, mais ne l’étaient-elles pas déjà par les bien séduisantes illusions et tentations de l’individualisme triomphant.  Oui, la montée des risques est vertigineuse, mais quelle maîtrise, quel pouvoir, quelle technologie peuvent nous faire oublier que naître accroit considérablement les chances de mourir. Oui, le fond de l’air estival, la découverte du télétravail et les prises en charge inconditionnelles par la collectivité ont leurs délices, mais nous savons tous bien que cela a un temps. Donc ?!

Nous avons le devoir de vivre, pas de survivre.

Ne masquons pas la réalité ! C’est à nous d’apprendre à recevoir et à partager le meilleur de ce que la vie ne cesse de nous donner. La construction du monde plus beau, plus juste et plus vrai auquel aspire l’immense majorité de l’humanité est très loin d’être achevée. Chacune de nos existences, chacune de nos entreprises communes ont une raison d’être (Pas besoin de loi PACTE pour cela !). Elles ne flottent pas, insensées, dans le vide.

Ne nous en lavons pas les mains ! N’abandonnons pas aux conformistes, aux cyniques, aux irresponsables, aux opportunistes et aux paranoïaques le soin de dessiner les contours et les règles du monde dans lequel nous vivons et que nous laisserons à nos enfants. Ne nous défaussons pas de la responsabilité de gérer à notre niveau les conséquences de la remise en question générale qui s’impose. Nous l’avons tous constaté au creux de la crise sanitaire la plus intense ; là où nous sommes, avec ce que nous sommes, chacun de nous à un rôle à jouer. Il est des savoir-faire uniques qui ne demandent qu’à être extrapolés à d’autres domaines. Il est des énergies personnelles qui ne demandent qu’à s’investir dans de nouveaux projets collectifs. Il est des consciences individuelles qui brûlent de contribuer au bien commun. Il est des imaginations qui ont déjà trouvé des alternatives à l’existant. Alors, vous là, tout de suite, vous vous autorisez à faire quoi ?

Avant tout changer notre regard.

Les milliards d’euros qui vont se déverser dans les circuits financiers et les carcans réglementaires qui tenteront de piloter de plus en plus étroitement nos vies ne pourront rien si ceux et celles qu’ils concernent restent vides de désirs et d’espérance. Cultiver les peurs, accroître les contrôles, flatter les égos, aduler les chiffres, camper sur ses certitudes et habitudes, envier les voisins ne mènent à rien. S’il est communément admis que l’économie est au service de l’homme et pas l’inverse, agissons-nous vraiment en ce sens ? Il nous reste tant à combler, à purifier, à irriguer, à soigner, à assouplir, à réchauffer ou à rendre droit. Avons-nous bien compris que ce n’est pas une simple option morale, mais que c’est même la condition sine qua nond’une sorte de ‘perma-économie’ utile et fructueuse ?  A écouter les analyses caricaturales de certaines ‘sources autorisées’, on se rend vite compte que certains ont encore quelque difficulté à renoncer à ‘ce qui les avait fait roi’ …  dans le monde d’avant.

Levons-nous, allons ! Tout ne se réglera pas dans la toufeur émolliente de l’été, mais il serait irresponsable d’attendre les frimas de l’automne ou les glaces de l’hiver pour se rendre compte que, dans chacune de nos vies, la soumission s’avance masquée.

 

 

Photo : Zhifei Zhou  I  LANGJÖKULL Glacier Klaki Basecamp, Iceland

Partager cet article